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Le bastion informatique : un levier incontournable de la cybersécurité et de la gouvernance IT

Découvrez ce qu’est un bastion informatique (serveur bastion, bastion host) et comment il sécurise vos accès privilégiés. Fonctionnement, avantages etc.

Le bastion informatique : un levier incontournable de la cybersécurité et de la gouvernance IT

Les cyberattaques ciblant les comptes à privilèges se multiplient, car elles permettent aux cybercriminels d’accéder directement aux systèmes critiques. Pour se protéger, de plus en plus d’organisations déploient un bastion informatique (aussi appelé bastion host ou jump server).

Véritable forteresse numérique, il constitue un point de passage sécurisé qui contrôle et enregistre toutes les connexions vers les environnements sensibles (serveurs, applications, bases de données, infrastructures réseau…)

Dans cet article, découvrez :

  • la définition et le rôle du bastion informatique ;

  • son fonctionnement et ses principales fonctionnalités ;

  • ses avantages en matière de sécurité, traçabilité et conformité (NIS2, ISO 27001, DORA) ;

  • et les bonnes pratiques pour bien choisir et déployer une solution de type bastion.

Qu’est-ce qu’un bastion informatique ?

Un bastion informatique est une passerelle sécurisée qui permet de contrôler, filtrer et tracer tous les accès à privilèges (accès spécial qui s’étend au-delà de celui d’un utilisateur standard).

Le bastion agit comme une forteresse et constitue un point de passage obligatoire entre les administrateurs, sous-traitants, prestataires ou techniciens et les environnements sensibles (serveurs, applications, bases de données, équipements réseau…).

Il assure trois missions essentielles :

  • contrôler et filtrer les accès pour limiter l’exposition des ressources sensibles ;

  • protéger les identifiants grâce à la gestion et la rotation des mots de passe ;

  • enregistrer et tracer toutes les actions pour renforcer la supervision et répondre aux obligations réglementaires.

Concrètement, lorsqu’un utilisateur souhaite accéder à un serveur sensible, il ne se connecte pas directement : il passe par le bastion, qui applique des règles de sécurité, masque les mots de passe et enregistre l’intégralité de la session.

Pourquoi le bastion informatique est-il incontournable aujourd’hui ?

Les menaces numériques sont nombreuses et variées. La grande majorité des violations de données implique l’exploitation d’identifiants compromis, et les comptes à privilèges font partie des plus ciblés.

Ces comptes permettent en effet d’accéder aux systèmes les plus sensibles, rendant leur compromission particulièrement intéressante pour les cybercriminels et d’autant plus dangereuse pour les entreprises.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes :

  • D’après le rapport IBM « X-Force Threat Intelligence Index 2024 », 80 % des cyberattaques ciblant les infrastructures critiques impliquent l’exploitation de comptes à privilèges.
  • Selon le rapport « Verizon Data Breach Investigations Report 2025 », plus de 70 % des violations se font via l’utilisation d’identifiants valides, ce qui confirme que les accès à privilèges restent l’un des leviers d’attaque les plus courants.

En parallèle, on constate également un durcissement réglementaire en matière de cybersécurité. La directive européenne NIS2, mais aussi des normes comme ISO 27001 ou DORA, imposent aux entreprises une gestion stricte et traçable des accès.

C’est dans ce contexte que le bastion informatique est essentiel. Plus qu’une brique technique, il représente une réponse stratégique aux enjeux de sécurité, gouvernance, conformité et résilience. Pour suivre l’évolution de ces obligations, une démarche de veille réglementaire est essentielle.

Les fonctionnalités clés d’un bastion informatique

Un bastion informatique est conçu pour s’adapter aux menaces les plus sophistiquées grâce à un système de défense proactif et multicouche. Au-delà de la simple protection des connexions, il centralise et contrôle l’ensemble des accès à privilèges, offrant ainsi une visibilité inédite sur ce qui se passe dans les environnements sensibles.

Parmi les fonctionnalités clés que l’on retrouve dans la plupart des solutions de type serveur bastion, on peut citer :

  • Authentification forte intégration de méthodes robustes comme le MFA (Multi-Factor Authentication), le SSO (Single Sign-On), la biométrie ou encore des annuaires d’entreprise (Active Directory, LDAP). Cette étape garantit que seuls les utilisateurs autorisés peuvent franchir le bastion ;

  • Isolation des connexions : le bastion agit comme un proxy, empêchant tout accès direct aux systèmes critiques (serveurs, bases de données, infrastructures OT). Cela réduit fortement les risques liés aux mouvements latéraux d’attaquants.

  • Enregistrement complet des sessions : chaque session est conservée sous forme de journaux détaillés (logs), et parfois même sous forme de vidéos rejouables. Ces enregistrements permettent aux équipes de sécurité d’analyser précisément les actions menées et de détecter d’éventuelles anomalies.

  • Gestion automatisée des identifiants et mots de passe privilégiés : rotation régulière, génération aléatoire, gestion des accès temporaires… le bastion supprime le besoin de partager des identifiants sensibles avec des prestataires ou administrateurs.

  • Supervision en temps réel : la solution surveille en continu les comportements suspects (ex. commande non autorisée, tentative d’élévation de privilèges) et peut déclencher des alertes instantanées, voire bloquer la session en cas de menace avérée.

En parallèle, le bastion facilite le respect des exigences de conformité imposées par les réglementations et normes internationales (directive européenne NIS2, ISO 27001, loi de programmation militaire - LPM, règlement DORA, RGPD). Grâce à la richesse de ses logs et à la traçabilité des actions, il constitue un atout majeur lors des audits de cybersécurité et des contrôles réglementaires.

Comment fonctionne un bastion de cybersécurité ?

Le fonctionnement d’un bastion informatique repose sur le principe de la défense en profondeur : multiplier les couches de protection afin de limiter au maximum les risques d’intrusion. Concrètement, le bastion agit comme un intermédiaire obligatoire entre l’utilisateur et les systèmes critiques, en combinant plusieurs briques technologiques complémentaires.

1. Authentification et contrôle d’identité

Avant d’autoriser l’accès, le bastion vérifie l’identité de l’utilisateur via une authentification forte (MFA, certificats numériques, tokens, intégration annuaire LDAP/AD). Cette étape empêche l’utilisation frauduleuse d’identifiants compromis et garantit que seul un utilisateur légitime peut initier la connexion.

2. Gestion et filtrage des accès

Un utilisateur ne se connecte jamais directement aux systèmes critiques (serveurs, applications, équipements réseau). Le bastion joue le rôle de proxy sécurisé, filtrant chaque tentative de connexion et appliquant les règles de sécurité définies (par exemple, interdiction d’accès à certains environnements en dehors des heures ouvrées).

3. Gestion automatisée des identifiants et mots de passe

Avec un bastion informatique, les identifiants des systèmes sensibles ne sont jamais communiqués aux administrateurs ou prestataires. Les mots de passe sont stockés de manière sécurisée, renouvelés automatiquement (rotation régulière), et des accès temporaires peuvent être créés en cas de besoin. Cette gestion réduit fortement les risques de fuites ou de mauvaises pratiques (partage d’identifiants, stockage en clair).

4. Enregistrement et supervision des sessions

Chaque session passant par le bastion est surveillée et tracée. Selon la solution, elle peut être enregistrée sous forme de journaux détaillés (logs) ou même sous forme de vidéos rejouables. Ces éléments constituent une preuve en cas d’audit ou d’incident de sécurité, et permettent d’analyser les actions menées par les utilisateurs à privilèges.

5. Détection et réaction en temps réel

Le bastion intègre souvent des mécanismes de détection avancée : alertes instantanées lorsqu’un comportement suspect est détecté (commande non autorisée, tentative d’exfiltration de données), voire coupure automatique de la session pour empêcher toute compromission.

En résumé : le bastion informatique assure à la fois la traçabilité des actions, la protection des identifiants sensibles, et la réduction proactive des risques liés aux accès privilégiés.

Quels sont les avantages d’un bastion informatique ?

En matière de cybersécurité, la mise en place d’un bastion offre des bénéfices à différents niveaux :

1. Sécurité renforcée des accès

Le premier bénéfice est la réduction drastique des risques liés aux comptes à privilèges. En centralisant et en filtrant toutes les connexions sensibles, le bastion empêche les utilisateurs non autorisés d’accéder aux systèmes critiques. Même si un identifiant est compromis, l’attaquant sera limité par les règles du bastion et ne pourra pas se déplacer librement dans le système d’information. Résultat : un impact potentiel considérablement réduit.

2. Conformité réglementaire simplifiée

Avec le durcissement des réglementations comme NIS2, le RGPD, ISO 27001 ou DORA, les entreprises doivent prouver qu’elles contrôlent et tracent les accès aux environnements sensibles. Grâce à ses journaux détaillés et à la gestion automatisée des accès, le bastion permet non seulement de répondre à ces exigences, mais aussi de fournir facilement des preuves lors d’audits de cybersécurité.

3. Visibilité et traçabilité totales

Chaque action réalisée via le bastion est enregistrée et consultable. Les logs détaillés, voire les vidéos de sessions rejouables, offrent aux équipes IT une vision claire des opérations réalisées par les administrateurs, prestataires ou sous-traitants. Cette transparence est essentielle pour détecter rapidement les anomalies et mener des enquêtes post-incident.

4. Meilleure maîtrise de la sous-traitance

Dans de nombreux secteurs, les entreprises confient à des prestataires externes la maintenance applicative, le support technique ou la supervision d’infrastructures critiques. Avec un bastion, elles peuvent octroyer des accès temporaires, limités et surveillés sans avoir à partager de mots de passe sensibles ni à donner des droits permanents. Cela réduit le risque de dérives et renforce la confiance avec les partenaires.

5. Prévention des menaces internes

Les menaces ne viennent pas uniquement de l’extérieur. Qu’elles soient intentionnelles (fraude, sabotage) ou accidentelles (erreurs humaines), les failles internes représentent un risque majeur. En imposant une authentification multifactorielle et en appliquant le principe du moindre privilège, le bastion limite la surface d’attaque et contribue à prévenir les incidents liés aux utilisateurs internes.

Comment choisir son bastion informatique ?

Il existe différents types de bastions qui offrent des fonctionnalités et des niveaux de protection variables. Le choix du bastion informatique va dépendre des besoins de chaque entreprise, en termes de sécurité, de performance et de budget.

Un certain nombre de critères doivent être pris en compte, par exemple :

  • La taille et la complexité du réseau à protéger ;
  • La nature et la sensibilité des données à sécuriser ;
  • Le type et la fréquence des connexions au réseau interne, etc.

Pour choisir le bastion informatique le plus adapté, il est possible de faire appel à des experts en cybersécurité qui pourront évaluer les besoins de l'entreprise et proposer des solutions sur mesure.

Comment déployer un bastion de cybersécurité ?

L’installation du bastion est une étape primordiale qui va conditionner l’efficacité et la résilience du bastion.

1. Définir les besoins et cartographier les accès privilégiés pour choisir la solution adaptée

  • Identifier tous les comptes privilégiés existants ;
  • Analyser les flux réseaux actuels ;
  • Recenser les prestataires externes ayant accès au SI.

2. Déterminer l’emplacement du bastion

  • Sélectionner une zone sécurisée, protégée par un pare-feu, isolée du réseau interne et externe.

3. Configurer les mécanismes d’authentification et les politiques de sécurité

  • Définir les règles de filtrage qui vont déterminer les connexions bloquées ou autorisées ;
  • Définir le niveau d’authentification.

4. Déployer le bastion progressivement

  • Intégrer le bastion avec l’infrastructure existante pour assurer sa compatibilité avec les autres éléments du réseau ;
  • Commencer par les environnements les plus critiques avant d’étendre aux autres systèmes et prestataires.

5. Accompagner le changement

  • Former les administrateurs à l’utilisation du bastion ;
  • Sensibiliser les équipes IT et métiers aux enjeux de sécurité.

Intégrer le bastion informatique dans une démarche GRC avec Egerie

Un bastion informatique n’est pas seulement une solution technique : il s’inscrit dans une stratégie plus globale de gouvernance, gestion des risques et conformité (GRC).

  • Gouvernance : il offre une visibilité centralisée et une supervision complète des accès privilégiés.

  • Risque : il réduit significativement la probabilité et l’impact d’une compromission liée à des comptes sensibles.

  • Conformité : il facilite le respect des normes et réglementations (NIS2, ISO 27001, DORA, LPM) et simplifie les audits.

Pour aller plus loin, une plateforme de pilotage comme Egerie vient compléter le rôle du bastion informatique. Elle permet non seulement de sécuriser les accès, mais aussi de transformer la cybersécurité en véritable levier de gouvernance et de résilience opérationnelle.

Avec Egerie, vous pouvez :

  • Cartographier facilement vos risques cyber, en tenant compte des actifs critiques et de leur niveau d’exposition.

  • Simuler différents scénarios d’incidents afin d’anticiper leurs impacts opérationnels, financiers et réglementaires.

  • Assurer la conformité en continu, grâce à des tableaux de bord dynamiques et actualisés en temps réel.

  • Générer un plan d’action priorisé, basé sur l’exposition réelle aux risques.

  • Communiquer efficacement avec les dirigeants à travers des reportings clairs, compréhensibles et orientés décision.

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FAQ sur le bastion informatique

1. Qu’est-ce qu’un bastion informatique ?

C’est une passerelle sécurisée qui contrôle et trace les accès privilégiés aux systèmes critiques.

2. Quelle est la différence entre un bastion et un VPN ?

Le VPN sécurise uniquement la connexion réseau entre l’utilisateur et le système d’information, mais n’offre pas de supervision granulaire. Le bastion, lui, enregistre et contrôle toutes les actions apportant une visibilité et une traçabilité complètes.

3. Un bastion est-il obligatoire pour être conforme à NIS2 ou ISO 27001 ?

S’il n’est pas explicitement obligatoire, il est tout de même fortement recommandé pour répondre aux exigences de contrôle des accès privilégiés.

4. Combien de temps faut-il pour déployer un bastion ?

Cela dépend de la taille et de la complexité du système d’informations : de quelques semaines pour une PME à plusieurs mois pour un grand groupe.

5. Quels sont les avantages d’un bastion ?

Il renforce la sécurité des accès, facilite la conformité réglementaire, améliore la traçabilité des actions et réduit les risques liés aux comptes à privilèges.

6. Quelle est la différence entre bastion informatique et PAM ?

Le bastion est souvent considéré comme une composante clé d’une stratégie PAM (Privileged Access Management). En effet, le bastion est généralement un point d’entrée sécurisé pour les administrateurs, tandis que le PAM représente tout un ensemble de pratiques et d’outils de gestion des accès privilégiés à l’échelle de l’organisation.

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